Article initialement publié le 24/10/2015
Je me décide à vous rendre compte des avancées de l’engin au moment où je commence l’étape « coffre », qui amène une évolution bien visible, ce qui manquait ces derniers mois. L’engin a cependant beaucoup avancé sur des finitions.
Mais la richesse de cette période a bien été dans les rencontres permises par ce véhicule : le premier avantage « bonus » de cet engin qui penche, c’est qu’il suscite curiosité, sympathie, attrait. Un petit aperçu de ces instants, qui commence par le mot qui a pour moi bien marqué ces derniers mois : Alternatiba. A l’origine, il fallait reconnaître les parcours pour l’équipe du tour en tandem, puis les guider dans les étapes avant et après Montpellier. Avec assez d’autonomie pour faire les étapes aller retour, la possibilité d’utiliser les pistes cyclables, l’engin s’est montré particulièrement adapté pour cette tâche. Cela a été un grand plaisir et une superbe expérience de partager deux jours de cette aventure extraordinaire menée par une poignée d’individus hors du commun, qui a suscité un élan tout aussi hors du commun. Quelques uns de l’équipe ont tenté leur chance sur l’ulp. Joan, (sur la photo, avec son omniprésent sourire) l’a carrément adopté, et a même fait la vélorution de Sommières avec. Quant à moi, j’avais troqué mon engin contre une place sur la triplette. Je confirme, faire un tour de France avec ces tandems est un fantastique exemple de solidarité !
Quelques autres événements ont été l’occasion de rencontres marquantes, parmi eux le challenge éduc éco qui s’est déroulé à côté de Toulouse au mois de mai http://www.educeco.net/ . C’est une course à la moindre consommation où des groupes d’étudiants arrivent à faire des prodiges avec des moyens dérisoires, des consommations de l’ordre de 1 litre aux… mille kilomètres ! Et jusqu’à 3000 km avec un litre pour les records. Avec des engins propulsés, entre autres, par des moteurs de tronçonneuse dotés de systèmes d’injection bricolés. Ceci devrait, en principe, donner une idée de la marge de progression qui existe par rapport à nos moyens de locomotion actuels. Ces engins roulent à 25 km/h de moyenne, c’est à dire à peu près comme une voiture en milieu urbain, ils ont une carrosserie, harnais et arceaux de sécurité… les rendre utilisables au quotidien pourrait se faire sans majorer grandement leur consommation. Je venais avec la curiosité de voir quels secrets utilisaient ces engins, et je crois que le mien a finalement été une curiosité… au pays des curiosités ! Cerise sur le gâteau, l’ulp et le vélomobile d’Arnaud ont inspiré une nouvelle catégorie pour la course, qui serait ouverte à ces dérivés du vélo utilisables au quotidien. (Arnaud est un grand contributeur du forum vélorizontal, plein de bons conseils que j’ai d’ailleurs largement suivis ; http://velorizontal.bbfr.net/t19228… )
Un autre lieu où l’engin a eu un accueil remarquable : le fablab de Montpellier, http://www.labsud.org/ Je pensais à priori que ce serait dans le milieu écologiste que l’accueil serait le meilleur. Il a, sans problème, toujours été excellent. Mais c’est clairement dans les milieux de « mécaniciens » où il suscite le plus d’attrait, et plus particulièrement chez les motards. Je crois que je préfère encore ça : un engin conçu à la base pour économiser l’énergie qui est apprécié avant tout pour son côté ludique !
Petit bilan de ces rencontres et essais, depuis que le châssis est au point : environ 80 personnes ont testé l’ulp, et sur ce nombre, environ une dizaine sont arrivées à gérer l’équilibre uniquement avec le guidon, une dizaine d’autres ont libéré l’inclinaison mais ont préféré garder les pieds sur les appuis d’équilibre.
Les essais ont été le plus souvent très courts, c’est pourquoi le nombre de ceux qui ont passé le cap de pencher est relativement faible. Le sourire en fin d’essai est une constante mais ce n’est pas pour autant un instant « zen », et c’est aussi pourquoi ces essais découverte sont très courts : le besoin d’une une phase de relâche se fait vite sentir.
Un seul incident à déplorer : l’engin s’est couché à basse vitesse sans égratignure pour personne. Et la personne à qui c’est arrivé a retenté sa chance juste après, pour arriver à avoir l’équilibre « sans les pieds » quelques dizaines de mètres plus tard : cela pour confirmer que les plus téméraires sont favorisés pour passer ce cap, parfois en prenant un peu plus de risques que les autres. Et ceux qui ne veulent pas prendre de risques ne sont pas obligés de le faire et l’engin leur reste accessible : l’apprentissage peut être très progressif.
Voici enfin les évolutions de ces derniers mois.
La remarque incontournable étant : « c’est bas, on ne va pas être vu par les automobilistes et c’est dangereux », j’ai essayé d’être à l’écoute de cela en rehaussant le siège, de 17,5 cm exactement. Commençons par le positif :
ça fonctionne très bien, même mieux : il est plus facile de garder un cap bien droit. Cela peut paraître surprenant, en fait c’est la logique d’équilibre d’une moto qui est bien plus haute. Il devrait donc être possible d’être plus haut encore. Par contre, sur un engin qui ne penche pas, ça aurait été carrément dangereux.
les voitures laissent le passage quasiment à chaque carrefour. Je pense que la position assise, les pieds sur les appuis d’équilibre, donne l’impression que c’est un véhicule pour handicapés. Déjà, l’effet de curiosité donnait droit à des faveurs ; là c’est royal…
Par contre cela ne me convient pas :
la sensation de conduite est moins grisante. Filer à ras du sol, c’est quelque chose : ceux qui ont essayé le kart confirmeront (oui, j’avoue, j’ai essayé aussi…)
En position inclinaison bloquée, c’est moins stable et donc l’apprentissage est plus délicat : souhaitant faire quelques adeptes, je préfère que mon exemplaire reste adapté à l’apprentissage. À cause de cela, il y a donc un compromis de hauteur à trouver.
je ne me sens pas plus en sécurité en étant plus haut : le voisinage des voitures n’est, pour moi, pas plus rassurant (ni plus agréable) et je sens que même en position basse les voitures me voient bien : à de rarissimes et inévitables exceptions près, elles dépassent en s ’écartant largement, elles ne forcent pas le passage et même souvent elles restent un moment derrière (par curiosité je suppose) avant de dépasser.
à cette hauteur, je suis assis plus haut qu’une voiture « classique » . Que les voitures récentes soient de plus en plus hautes est à mon sens un engrenage dont les effets pervers sont nombreux, et dont les motivations me semblent discutables. En rehaussant le siège par un artifice j’ai la sensation désagréable de donner l’impression de suivre ces motivations , même si ce n’est pas le cas. le siège est donc redescendu de 12 cm, restant à +5cm, pour pouvoir loger une poulie sous le siège qui permet à la chaîne de transmission de mieux fonctionner.
Cette petite élévation n’enlève pas cette perception « d’engin bas ». Il me reste deux pistes pour corriger cette impression :
faire une carrosserie qui monte au dessus de la tête, pour « matérialiser la hauteur ». La position est bien plus haute que sur un vélo couché trois roues classique parce que l’assise est plus haute et la position moins couchée, et pourtant cela ne saute pas aux yeux. Cela permettra aussi d’appuyer le futur pare brise.
faire une suspension à grand débattement, bien plus confortable et qui, de fait, fera prendre un peu de hauteur. Ceci est encore permis parce que le véhicule peut pencher dans les virages : sur un engin qui penche la suspension n’a pas d’effet parasite dans les virages alors que sur un véhicule fixe elle génère du roulis.
Augmenter le débattement sur ce train avant serait par contre un peu délicat à mettre en application. Vu qu’il a par ailleurs d’autres défauts à corriger, voici une raison supplémentaire d’envisager un prochain exemplaire… La cogitation a démarré !
La fabrication du coffre, en photos :
Je ne souhaite plus garder la carrosserie des premiers croquis, pour garder cette bien agréable sensation de rouler au grand air, sans ossature permanente tout autour. Ce sera donc un simple coffre, et le pare brise sera complètement amovible. quelques petites modifications préalables, comme le déplacement des commandes qui étaient sur la barre derrière le siège (au premier plan) et qui passent sur le guidon. Le premier jet, la silhouette de la partie centrale. Selon la première idée : monter au dessus de la tête pour rendre l’engin visible. Je ne persévérerai pas plus dans cette forme, finalement bien trop massive à mon goût.
Notez au passage que les batteries sont maintenant dans des boites de part et d’autre de la roue arrière. Cela non plus, je ne le garderai pas. Faire et défaire, c’est toujours faire… le deuxième essai, dessiné à l’ordinateur à partir d’une maquette faite à la main : le monde à l’envers ! Ceci parce que mon logiciel n’est pas à l’aise avec ce genre de forme libre, par contre si je reproduis en silhouette la maquette j’ai les cotes précises pour faire un gabarit à l’échelle 1. le deuxième gabarit , nettement moins imposant que le premier. La construction : j’ai opté finalement pour coller des blocs de polystyrène, provenant de récup (dans les chantiers de rénovation d’étanchéité de toiture, l’isolant est jeté par camions entiers). Les « couples » sont dégrossis, puis ajustés au fur et à mesure. En procédant ainsi, il est possible d’avoir une bonne symétrie entre les deux côtés. De cette façon, j’ajuste aussi cette « caisse » à la forme du châssis, et j’aurai donc une empreinte pour faire une partie inférieure, un « fond de coffre ». Les blocs de polystyrène sont collés entre eux à la mousse polyuréthane (que des noms sympathiques…). cette mousse a une dureté comparable au polystyrène qui donne la forme, donc elle ne perturbe pas trop le ponçage. La photo c’est pour la petite astuce du bout de tuyau (noir) qui tient replié le tube de la bombe : ainsi il joue le rôle de bouchon, et le contenu de la bombe se conserve entre deux usages. Une seule bombe a suffi pour tout l’assemblage. Avancement de la forme, avec le collage de nouveaux blocs. Ils doivent être pressés pendant le collage, la mousse qui colle étant expansive. Dégrossissage, à la scie sabre qui a une lame suffisamment longue pour couper les 10 cm d’épaisseur des blocs de polystyrène. Puis ajustage avec une petite ponceuse à bande, avec un abrasif au grain très gros. Des gabarits en aluminium (di-bond, pour être précis, et de récup, bien sûr) , tordus à la bonne forme, permettent d’ajuster le profil et de contrôler la symétrie. La fin de l’ajustage se fait à la main, avec de l’abrasif fixé sur une planche de bois.
Forme n°2 terminée. Ça me convenait à peu près, mais je trouvais ça encore trop « massif ». Après hésitations et nouvelles maquettes, la difficile décision est prise : mieux vaut retailler. Là ça me convient nettement plus : ce sera donc un simple coffre profilé, servant aussi de garde boue. Un arceau, qui passera au dessus de la tête, viendra plus tard. Pour égaliser la forme, le polystyrène est recouvert d’enduit à l’eau, initialement fait pour le bâtiment. il y aura plusieurs couches, chacune suivie d’un ponçage. Cet enduit permet de se dispenser des coûteux et polluants mastics à base de résines de synthèse, tout en étant très facile à travailler. Vu que c’est destiné à faire un exemplaire unique, je prendrai encore d’autres libertés par rapport au procédé de construction classique avec moule, toujours dans l’esprit d’économiser de ces résines… et du temps.
Avant la fin du coffre, la prochaine étape prévue est la recharge solaire : là aussi, il y a eu des changements de cap à l’usage. Pourquoi mettre un panneau solaire sur un engin qui est, dès qu’il le peut, abrité dans un garage ? Une bien meilleure façon de le faire rouler au solaire sera de passer ma mon habitation en autoconsommation photovoltaïque et de gérer les recharges dans la journée. Ayant deux accus qui sont, chacun, capables d’assumer les besoins des déplacements locaux habituels, il sera même possible d’en recharger un à sa base pendant que l’autre se déplace, accompagné du reste du véhicule et de son conducteur.